L'enclave aux vieilles

...

C'est un endroit oublié. L'on n'y accède que par le plus grand des hasards. Avant que je vous narre cette histoire, il faut que vous sachiez à quel point je regrette de n'avoir pas pu les sauver. J'ignorai alors, que le péril auquel je venais d'échapper, était de ceux dont on ne se vante pas. Si j'avais su, j'aurais peut être tenter de les raisonner. Mais il est des situations d'où l'on ne peut sortir que seul. A défaut, en vie.

...

Nous baladions ainsi, les filles, bras dessus, bras dessous, riant haut et fort, nos gorges à demi nues, sous le soleil de juillet. 
Les garçons, chahutaient grassement, un peu plus avant. Ils se bousculaient, se lançant mille défis et autres sottises. Un savant mélange de testostérone adolescente, d'une jeunesse ivre de liberté, et d'une envie de s'ébattre dans la chaleur de l'été.

C'était, je crois, un début d'après midi et nous longions la rue, avec cette sérénité merveilleuse des nouveaux vacanciers que nous étions, enfin.
Nous allions, sans but réel.
La chaussée était trop étroite pour nous contenir, tous, et de petits groupes s'égrainaient au fil de notre avancée. 

Je me souviens très bien de celui qui menait la troupe, un grand brun famélique, aux yeux translucides. Lorsqu'il riait, on distinguait ses incisives éclatantes, et la gent féminine frissonnait de tant de bestialité contenue dans une bouche aussi tentante. Il en faisait craquer plus d'une, et l'on chuchotait, entre nous, qu'il avait possédé la belle Alice, sur la banquette arrière de la DS de son père. Et que depuis, elle n'en fermait ses paupières délicates, tant ses assauts l'avaient durablement marquée.
Nous l'envions toutes, secrètement, d'avoir cédé à un si beau spécimen. Mais ne l'aurions jamais avoué.
La belle, le suivait, de près. Ses hanches balançant au rythme caressant de la main de son amant. Ses longs cheveux dessinaient une étole mouvante sur ses épaules. Leurs pas étaient synchronisés à la perfection. A peine imprimait-il son empreinte dans la poussière, que sa ballerine s'imbriquait dans la trace légère. Ils étaient magnifiques.

Le reste de la bande suivait, nonchalamment.
Nous avions chaud. La sueur au front, la bouche sèche, notre petit groupe se rabattit sur le trottoir défoncé, cherchant un semblant d'ombre. Quelques bosquets chétifs, des mûriers sauvages aux épines sans pitié, un pauvre figuier aux allures de baobab desséché.

Ses racines avaient creusé une rigole profonde, soulevant le bitume comme une vulgaire tôle ondulée. Son tronc offrait un banc de fortune, et ses larges feuilles trouvèrent grâce à nos têtes surchauffées. Il accueillit, bon gré, mal gré, les fesses rebondies de quatre d'entre nous, et la cinquième ouvrit la voie qui nous perdit.
A peine eut-elle posé le pied près de la plus grosse des racines, que le sol s'effondra. Engloutissant dans un bruit effroyable, la jeune fille, son chevalier servant juste à côté, puis, en une poignée de secondes terribles, l'arbre tout entier. Et ses occupantes tétanisées de peur.

Les garçons, cherchant immédiatement à empêcher le drame, se précipitèrent à notre suite. Et c'est dans un fracas indescriptible, charriant sur notre passage, terres, caillasses, racines, branchages, buissons, que nous dévalâmes cette falaise inattendue.

Notre chute dura un temps infini. 
J'entendais les cris de terreur de mes compagnons, les étoffes de nos vêtements se déchirer, le glissement de nos corps abandonnés aux lois de l'apesanteur.
Je sentais ma chair à vif aux coudes, et aux genoux. Mes cheveux s'étaient accrochés à mille brindilles qui me transperçaient le crâne. Mille pointes acérées qui lacéraient mes joues. Mon dos déchiré et brûlant. Mes ongles en sang d'avoir voulu s'arrimer à quelque rocher plus haut.

Ce dont je me souviens, c'est ce silence.
Nous étions huit, et tout à coup, nos sanglots, nos gémissements semblaient étouffés. Une chape s'abattit sur nous. Malheureux. Et perdus.

Le premier à tenter de se relever, ce fut le plus frêle d'entre nous. Nous l'avions surnommé, à juste titre, la liane, tant sa corpulence était fine. Inconsistante. 
Et pourtant, il prit sur lui, sa douleur, et son poignet en angle droit. Il se hissa, avec une détermination qui nous laissa pantois. Il émergea de son lit de gravats, et sa stature dressée entre moi, et le ciel de feuillages, me donna du baume au coeur. 

J'étais terrifiée. J'étais rompue de toutes parts. J'avais peur. Et je ne comprenais pas que le bleu du ciel ne soit plus visible. Que le soleil ait disparu de mon horizon. Que ma vision de l'endroit où nous avions atterri n'était pas réelle. Où étaient donc passées les rues, les immeubles, la tour de 35 étages qui dominait le quartier, le clocher de l'église romane, et les collines qui encerclaient la ville ?

Peu à peu, nous nous sommes remis d'aplomb. Non sans mal, car nous étions recouverts de contusions multiples, de coupures sanguinolentes. Pas un seul mot n'avait encore été prononcé, tant notre stupéfaction était grande. La belle Alice était d'une pâleur inquiétante, et la syncope qui suivit, provoqua une panique générale. Ce fut comme un déclencheur à l'hystérie collective. Les hurlements et les appels au secours durèrent longtemps.
C'est seulement l'épuisement, et nos voix cassées, qui firent cesser la crise d'angoisse aussi bruyante qu'inefficace.

Nous avons décidé, d'un accord muet mais tacite, d'avancer vers la vallée que nous devinions plus bas. 
Le chemin était encore escarpé, mais au moins, il était existant. Notre descente prit un temps fou. Nos jambes ne nous portaient plus. Mais nous avancions tout de même. Le temps s'était enfui. Laissé derrière nous. Là haut. D'où nous venions. Un semblant d'escalier de pierres taillées s'amorça. Je sentais mes membres trembler. 
Il me paru que j'avais froid. Un froid qui s'immisçait inexorablement. Mon visage perdit peu à peu son feu, et mon sang se ralentit. Comme pour se concentrer au pire. Je crois qu'il s'agissait juste d'un instinct animal. Celui qui ne me ferait pas défaut au moment décisif qui viendrait. Et me sauverait de cet enfer ouatiné.

Quelques centaines de mètres encore, et nous aperçûmes bientôt le toit d'une maison. Ni de tuiles, ni de briques. Une espèce de masure. Quelque chose qui ressemblait à l'imagier des contes de fées de notre enfance. Au fur et à mesure que nous approchions, la lumière se fit plus vive. 
C'est curieux comme elle nous avait manqué, la lumière. 
Nous avions marché, dans la pénombre verte d'une forêt sans nom. Et nous voici, enfin, à pouvoir distinguer nos propres traits. Constater nos blessures. Nous affliger de nos états respectifs. 

Mes doigts se posèrent sur le bras de mon voisin. Je suivis avec délicatesse l'entaille boursouflée qui déchirait sa peau. Son pauvre sourire douloureux me fit l'effet d'un poignard. Sa souffrance. Je la fis mienne. Et nous nous rapprochâmes l'un de l'autre, nous blottissant avec ferveur, nous protégeant peut être. La proximité de l'autre me fut douce, et je respirai dans son cou comme je l'eus fait avec mon animal de compagnie favori. En toute confiance.

Nous étions, tout à coup, face à la demeure.
Un petit puits joliment entretenu, entouré de fleurs mauves à l'odeur doucereuse, et une margelle suffisamment large pour nous permettre d'en tirer de l'eau. Comment décrire la première gorgée d'eau fraîche à celui qui a souffert de la soif ? C'est une sensation de plénitude parfaite. Rien ne saurait ternir l'instant. A part, peut être, le grincement de la grosse porte vermoulue qui s'ouvrit alors.

Je n'oublierai jamais ce que je vis.
Ses drôles de bottines d'abord. De gros bas de laine usée. Cette chasuble grisâtre. Et une bonne paire de gilets à grosses torsades par dessus. Et cette figure. Toute ronde. Une bonne bouille gentille. Des lorgnons de ferraille posés sur son nez épaté. Un chignon de tifs filasses grisonnants. Ses mains, rougeaudes, à la chair molle.
Une petite bonne femme qui vient voir, intriguée.

Elle ne prononça pas une seule parole. Ni de bienvenue. Ni de surprise. Elle ouvrit tout grand la grosse porte, et nous fit signe d'entrer.
Nous avons échangé des regards de soulagement, je m'en rappelle. Et avons franchi le seuil de notre refuge. Que nous croyions alors.

A partir de ce jour, nous avons perdu tout repère.
Ni le temps n'avait plus d'importance. Ni l'heure. Ni le jour. Ni la nuit. Nous mangions lorsqu'elle nous y invitait. 
Nous nous installions face à l'écran de son téléviseur d'une autre époque, pour regarder, sans fin, les mêmes épisodes d'une série américaine dont nous ne comprenions pas un traître mot. 
Nous avions également des temps de jeux. Nous nous ébattions, comme de jeunes enfants, dans la courette. 
Il nous arrivait de sauter dans la mare, et de nager pendant des heures que nous ne connaissions plus.

Les jours se suivaient sans que nul ne sache ce que nous étions en train de devenir. Nos esprits embrouillés perdirent le fil de nos vies. 

Nos propres prénoms nous échappèrent sans nous alerter autrement.
Les notions de saveur avaient disparu. 
En réalité, nos cinq sens se firent d'une discrétion telle que nous n'entendions que la vieille. Nous ne sentions que son haleine de pomme acide. Nos mains n'effleuraient que sa peau parcheminée.
Nous ne manquions de rien, à priori. 
Et nous étions arrachés de tout.
Nous étions heureux, je crois. 

La vieille, ne nous demandait pas la moindre contribution. N'exigeait aucun investissement, ni physique, ni moral. 
Lorsque je puise dans mes souvenirs de l'enclave, le temps suspendu comme un faiseur de rêves, filtrant nos pensées, nos désirs, pour ne nous en laisser que la fugitive image.
Nous passions notre temps, là-bas, à errer, pour finir. Sauf que nous n'avions aucune conscience. Puisque de cela aussi, nous étions privés.
Point d'affection, puisqu'un coeur sourd et muet. 

La vieille était notre tout. Et ses bras tremblants nous accueillaient avec une telle tendresse, que nous n'avions besoin d'autre chose.
Nous qui étions, de fièvres et d'humeurs, lorsque nous étions nous mêmes, n'avions plus ni envie, ni besoin. Elle satisfaisait à l'essentiel de nos existences. Je ne sais plus ni ce que nous consommions, ni ce que nous vivions, mais par contre, l'absence totale de paroles prononcées m'est restée ancrée comme un fer rouge dans le cerveau.

C'est un peu comme si nous ne savions parler qu'avec elle. 
Pour les autres, ils étaient là, à côté de nous. Mais c'était comme si nous nous frôlions sans cesse, sans jamais pouvoir nous toucher. Des jumeaux séparés continuellement. Ensemble. Mais intouchables. 

Il me revenait, parfois, en résurgence récurrente, des bribes de souvenirs. D'avant. Il me paraissait que l'on m'attendait ailleurs. Que ma vie n'était pas celle ci. Que l'on me cherchait sans doute. Que ma mère me pleurait la nuit.
Mes compagnons ne semblaient pas touchés par ces souvenirs qui me faisaient basculer vers le manque. 
A ces moments là, je frissonnais d'effroi. Je souffrais de la faim, de la soif, du froid qui glaçait mes os. Je regardais alors ma solitude terrible. Avec les autres autour de moi. Qui ne pouvaient comprendre ma douleur. Que je cachais comme une tare épouvantable.

La vieille ne mit pas longtemps à saisir que j'étais différente.
Et du fait, pas autant indifférente que mes compagnons d'infortune.
Elle laissa traîner quelques sucreries, m'appâtant par la gourmandise. Je succombais au premier petit carré de chocolat.
Comme elle était maligne, elle me poussa à la tentation, par ces petits détails qui révèlent l'humanité simple ancrée en nous.
La douceur d'un ami, soudain accessible, me bouleversa.
Je pleurais sur son épaule.
Il me berça avec toute la compassion dont il pouvait encore faire preuve, et les failles de mon âme encore vivace, me firent souffrir mille morts.
Ainsi, elle s'essaya à m'ôter l'once de vie encore chevillée à celle que j'étais alors. Une fille perdue.

Puis, vint le jour de ma délivrance.
Faute de ne pouvoir m'intégrer dans sa troupe de morts vivants, elle décida un beau matin, de me proposer une promenade. 
La vieille m'invita à faire mes bagages, me laissant le choix dans une pièce immense remplie d'effets féminins les plus divers. 
Je trouvais dans une penderie digne de ce nom, un large cabas qui me sembla faire l'affaire. Je le remplissais n'importe comment de chaussettes dépareillées, de brosses à dents et de cotons tiges. 
Je passais un certain laps de temps, perplexe, devant des dizaines de bottes. Il n'y avait que les pieds gauches. 
Je n'eus jamais l'occasion de savoir où était passé les droits. Je n'osais imaginer les hypothèses terrifiantes qui me venaient d'emblée à l'esprit.
Un klaxon retentit, et la vieille m'interpella gaiement. 
Je débarquais dans la cour, et la trouvais au volant d'une guimbarde toute rouillée, mais en état de rouler. Je ne réfléchis pas, et grimpais prestement sur la banquette.

S'ensuivit alors une journée des plus étranges.
Elle m'expliqua qu'il me fallait rentrer chez moi.
Lorsque je l'interrogeais, confuse quant à ma destination, elle souriait avec cette bonhomie adorable qu'elle avait. Ses gros yeux roulants gentiment.
Nous avons traversé des tas de hameaux, occupés d'une ou deux maisonnettes identiques à la sienne.
Avec, la même cour intérieure. La petite mare au ponton bleuté. Le ravissant petit puits si bien entretenu. Les pétales mauves en ornements tout autour.

Je vis des dizaines de jeunes gens, dans chacun de ses hameaux.
Similaires à mes compagnons.
Aussi jeunes. Beaux. Innocents.
Mais je notais peu à peu à quel point ce petit monde était agité. Le même ordre d'activités. Et ce silence. Cette absence totale du moindre bruit.
Je ne posais aucune question, captant que la vieille ne répondrait pas.

Détaillant plus avant le paysage aux reflets de bronze, je m'aperçus que toute cette vallée était encerclée d'une muraille insensée. 
Je n'en distinguais pas le sommet des murs. Il n'y avait aucune trouée. Pas le moindre espoir de voir à travers. 
Des murs insondables. Et le ciel verdoyant de la forêt sans nom. 
Et des dizaines de vieilles aux sourires bienveillants. 
Et sans doute, des centaines d'adolescents, coincés ici, entre le rêve et l'enfer de ne plus savoir qui l'on est.

Quand je vis le lourd portail se refermer sur l'unique sortie qui pointait devant moi, je fus prise d'une terreur incontrôlable.
L'urgence de m'enfuir fut soudain intolérable. 
Je ne fus pas longue à réfléchir, puisque ce sont mes jambes qui se prirent à mon cou. Je sautais comme une furie du carrosse de la vieille, et me mis à courir de toutes mes forces.
Il n'y avait pas de vent à mes oreilles. Ni d'air chaud. Ni aucun élément familier pour s'engouffrer contre moi. Je savais juste que je courrais, parce que mon coeur, tout à coup, s'était remis à battre. Moi qui ne l'avait pas entendu s'éteindre. Je le sentais cogner contre mon sein, fou, mais vivant.
Mais j'arrivais trop tard. 

Je vis la grille se coller contre le sol, ne laissant plus aucun espoir à mon échappée folle. Mon cerveau s'était remis à fonctionner, et mon impulsion immédiate fut de reprendre ma course. Je courus donc. Longtemps. Le point de côté ne se fit pas attendre, mais je résistais. Moi qui n'avait d'ordinaire aucune volonté, je me surpris à me forger un objectif inaccessible. J'allais m'échapper. Je ne savais pas où j'allais, mais je continuais de courir. 
Quelque chose me disait que ma propre survie saurait me mener au bon endroit. Au bon moment. 
Alors que mes jambes avaient le contrôle, je récupérai mes esprits au fil des kilomètres parcourus. Tout me revenait avec une violence qui me fit tituber plus d'une fois. Je me retenais de ne pas repartir en arrière, pour aller chercher les autres. Je n'oubliais pas mes compagnons. Je sentais en moi une déchirure s'agrandir. Je ne pouvais les abandonner. Mais à chaque doute, j'entendais la voix gentillette de la vieille me susurrer de revenir. Et à chaque nouvelle incitation de retour, mes jambes me poussaient plus fort, plus vite, plus loin.

Je dépassais bientôt un second portail, qui se ferma à mon approche. Inexorablement. Mais je n'en n'avais cure. Je courais. 
S'il n'y avait pas de vent, je le créais, à mes enjambées rapides. S'il n'y avait pas de chaleur, puisque le soleil était anéanti, ici, je l'inventais à mon sang qui bouillonnait à nouveau dans mes veines. 
Et ma puissance nouvelle me stupéfait. J'avançais comme je n'avancerai jamais ailleurs. Légère. Rapide.
Je ne comptais plus les portails baissés, fermant les yeux à leurs vues closes, continuant ma course, envers et contre tout.

Il me parut que la nuit tombait.
Ce qui était en soi, une incohérence, puisqu'il n'y avait pas de nuit, dans l'enclave des vieilles. Les sommeils étaient dictés par leurs chuchotis indistincts. Les réveils, par leurs chants secrets. 
Et pourtant, je voyais la nuit.
Et c'est là, que je revins à la vie.
J'ai franchi le dernier portail, grand ouvert.
Une bonne femme le poussait péniblement de ses deux mains.
Elle ne bougonnait pas. Elle menait sa tâche tout simplement. Sans état d'âme. C'était facile pour elle. D'âme, elle n'en n'avait plus. Pauvre femme.

Je m'arrêtais quelques mètres après le portail.
Et me retournais enfin.
Je n'oublierai jamais ce que je vis alors.
La forêt, innommable. 
Ce brouillard verdoyant.
Et tout au dessus, une boule blonde et ronde qui illuminait soudain mon ciel revenu. Une lune. Un ciel. La rue. La cité dans la nuit.

J'entendis l'exhalaison d'un second souffle. Tremblant. Presque timoré.
Je découvris avec surprise un enfant. A peine plus jeune que moi. 
Il était penché, son torse maigre plié contre ses cuisses. Cherchant à reprendre sa respiration. Inspirant enfin un air non corrompu.
Nous nous sommes regardés.
Il a haussé les épaules, d'un air navré.
Nous ne pouvions plus rien pour eux.
Nos compagnons. Les autres.
Nous avions survécu.
Nous les avions abandonné.
Pas d'autre issue possible.
Hélas.

J'ai tout oublié jusqu'à ce jour béni.
Celui où je croisais la vieille ....

...



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