Portraits familiers ... le gros con ...


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A chaque rendez-vous, c'est la même rengaine. Il y a toujours le mec en avance, qui trépigne sur le trottoir luisant de gel. Lui, pourrait être à la limite de la glaciation primaire. Juste avant l'hibernation. Emmitouflé dans son anorak en duvet bio, traité contre les allergies, anti-acariens, anti-pluie, anti-tane, anti-cons. 

L'inventeur de cette texture formidable doit être blindé comme un sous marin nucléaire... 
Un truc qui empêche les cons de s'approcher, fallait y penser. Déjà, les acariens, c'était pas gagné. Mais les cons...
On dit souvent qu'il faut traiter le mal par le mal. 
De là, à imaginer  qu'en s'imbibant de conneries, on évite à 80 % les cons...
Et les 20 % restants ?
C'est le degré maximal à conserver intact, pour un novice. A ce qu'il est écrit dans la notice d'utilisation.Très important les modes d'emplois...

Plus étrange, lorsque j'ai voulu essayer la veste, j'ai senti comme une sacrée réticence de la part du propriétaire.
Soudain, l'idée même de faire passer sa propre connerie, à autrui, lui semblait ingérable. Lui qui d'ordinaire, est plutôt partageur...

Moi, dans l'idée, c'était juste pour vérifier l'éventuel état de grâce promise. Se retrouver dans la petite moyenne des gens normaux, s'imprégner d'un savoir vivre quasi inexistant, dégager tout complexe de style, ou de forme d'ailleurs. 
Dans la gêne, y'a pas de plaisir. J'aurai bien voulu savoir si c'était vrai ... Et doubler sans clignotant, klaxonner aux bagnoles qui démarrent pas au feu vert, ouvrir la fenêtre, juste pour le plaisir d'aboyer deux ou trois insultes bien glauques... 
Au supermarché, piquer un sprint pour passer devant la mémée avec béquilles, et lui refuser le passage, avec le vice puant dans l'attitude.
Passer devant les gens du quartier, et saluer une fois sur deux. Juste pour être désagréable.
Et toutes ces choses qui coulent de source chez les Messieurs et Mesdames Toutlemonde...
Sans doute voir, d'un oeil neuf, et néanmoins bovin, il y a des chances... Ça m'aurait bien plu !
Mais pas moyen.

L'autre grand con, avec sa doudoune sur le dos...
L'a jamais été question de l'enlever. Même à l'intérieur du resto. Même à l'entrée de la salle de spectacle. Il s'est tapé la gloire de mon père, version longue, engoncé dans sa couette sur mesure, dans un théâtre surchauffé à 32 °. Lorsque l'ouvreuse a proposé une boisson chaude, il n'a pas sourcillé, et s'est sifflé, cul sec, un chocolat viennois. Et pas une goutte de transpiration sur le front.

J'en suis venue à me demander si, en plus, sa veste n'était pas un abri anti-tout. 
Plus de sensations. Rien. Plus froid. Ni chaud. Plus de ridicule. Ni l'inverse. Plus de générosité. Ni envie de faire plaisir. Ni de compte à rendre à dégun. Ni de peur du qu'en dira-t-on. 
Le vrai bon gros con. 
Dans toute sa splendeur quoi.

Y'a une chose qu'est sure...
On pourra pas accuser le fabriquant de publicité mensongère ...

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