Portraits familiers ... la Toquée de lui



...

Tout a commencé, il y a tout juste six ans.
A l'époque, cette vie de misère n'avait aucun sens. Un quotidien triste à pleurer. Aucun lendemain chantant. Et un retour vers le passé semblant impossible, sous peine d'une lente agonie envisageable en contrebas...

Et puis, comme le disait le vieil homme du bout de la rue, quand on est au fond du trou, y'a plus qu'à remonter, n'est ce pas ...

Au hasard des allées du marché estival de la Plaine, ça baillait, mollement. ça zieutait un peu, ici et là. ça passait le temps, en fait.
Y'avait une super affaire à saisir. Des lots de grosses chaussettes en laine torsadée. Les moukères se battaient presque, pour accéder au Nirvana promis, des pieds bien au chaud pour le prochain hiver...

Mais c'est l'éclat argenté, qui tapa droit dans l'oeil distrait. Intrigué, l'oeil s'acoquina de son compère, et zoomèrent, ensemble, le tas, métallisé.
Une centaine de bombes.
Un arc en ciel, en tubes aérosol.
La vision instantanée du potentiel inespéré de la découverte.
Des litres. Multicolores.
De quoi laquer ton nom sur tous les murs du 6ème arrondissement...

A chaque angle de rue. 
Eugène.
Sous chaque porche désuet.
Eugène.
Sur les pavés, après le sable et ses espoirs.
Eugène.
Au creux des rigoles asséchées, je vais te laquer.
Eugène.
Je te hais, ô combien, je t'écris.
Jusqu'au firmament.
Eugène.
J'espère que tu en crèveras.
Eugène.
En attendant que tu trépasses, je dessine à l'encre indélébile.
Je ne t'oublierai pas.
Eugène.
Je t'attends...

...




Cliché dérobé avec son consentement muet à son propriétaire, JL Luciani (le vrai ...) Merci ... Petit extrait du travail réalisé au sein de son atelier le mardi soir ...

Commentaires