Le phénomène d'astreinte ...

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Il se peut que l'effort soit notre nécessaire, alors que tout entier, nous ne tendions qu'à la paresse. Il est difficile de forcer le talent, l'invention ne suit pas toujours, elle préfère de loin rester tapie dans les tréfonds de nos cortex.
L'on n'extirpe pas ce qui veut rester caché.
Je suis restée longtemps fataliste face à ma propre nonchalance créative. Les mots devaient couler de source, sans entrave, et j'exécrais plus que tout l'idée même de les violenter de la sorte.
Puis j'ai rencontré quelqu'un.
Peu vous importe son nom, il se reconnaîtra.
Il m'apporta ce qu'il manquait à ma dynamique d'écriture.
L'astreinte.
Je tentais l'impossible,me fiant à son regard impérieux. 
Nous le faisions tous.
La classe était petite, nos rangs parsemés, nos attentes défaillantes.
Nous arrivions, nos cahiers d'écolier sagement ouverts à la page blanche. 
La terroriste.
Celle qui nargue le stylo, éclaboussant de virginité nos doigts encore propres.
Il lançait ses directives, et la course folle de nos esprits affamés nous menait vers telles ornières, crevasses et montagnes arides. Les premières phrases fusaient à notre insu, nous emportant bien loin de nos zones de confort. Nous étions fous, fougueux, ivres de ce flot impétueux et nous finissions, écrasés, éreintés, mais heureux, sur la rive.
L'atelier était notre berceau, et nous ne le savions pas.
Nous quittions bientôt l'endroit avec cette inconscience propre à la jeunesse. Sans se retourner.
Le chemin parcouru n'est rien face à tout ce qui s'offre à nous.
Il est mieux que cette page effroyable qui nous aspire.
C'est le début, à chaque jour, que nous pouvons saisir.
Il y a celles et ceux qui ont tout.
Il existe des êtres pour qui, tout est à faire, à chaque instant. 
Quelle bénédiction d'en être.
Et le savoir...

VP

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