Après moi, le déluge





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Il ne peut pas pleuvoir sur mon coeur, puisque il est étanche... 
Pour autant, sur la ville, ce sont les grandes eaux, de celles qui rincent avec la plus grande vigueur ; les trottoirs, jonchés de feuilles jaunâtres toutes ramollies d'humidité ambiante, se sont transformées en patinoires végétales ; les parapluies marseillais sont différents des autres, ils ont la gouaille haute en couleur ; même le mien est aussi vert que le bocage normand. L'averse ici est plus salée qu''ailleurs ; sans doute grâce aux morues du vendredi, jour du poisson, et des cagoles qui prennent leurs RTT. Les vieux prennent moult précautions pour aller chercher le pain. Les boulevards ruisselants seront bondés de voitures à conducteurs uniques, engoncés dans leurs doudounes en duvet d'oie, jusqu'aux oreilles, des fois que la pluie diluvienne se transforme en neige, ce qui n'arrivera jamais bien sur. Et le jour poursuivra son bonhomme de chemin, jusqu'à la lune immergée dans un ciel sombre de fin du monde. J'entendrai les dernières notes des larmes fictives, sur le rebord de ma fenêtre, juste avant...


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