Inception

...

A chaque début, on espère une chute. Heureuse de préférence.
Or le commencement n'est pas une fin en soi. 
Il a cet air d'infini, quelque chose d'intemporel, qui ne s'achèverait jamais. Il n' aurait que ponctuation rythmique, surtout rien de définitif.
Chaque instant ne serait alors que déviations nécessaires, oasis fraîches, aires de repos.
On se poserait sur des talus moussus, le derrière agréablement calé sur le coussin improvisé ; au détour d'un grand aulne, nous improviserions une cueillette de rosés des près ; le bitume aurait des reflets d'acier liquide sous un soleil de plomb, tellement lisse et brillant que le jeu consisterait à s'y réfléchir...
Et tout ceci ne serait que poésie, plaisir des yeux, fêtes des sens, ivresse d'une vie sans contraintes.
Il n'y aurait plus aucun enjeu de quelque sorte que ce soit, puisque rien ne serait clos. La mouvance des choses donnerait une nouvelle impulsion à toute décision prise, les décisions seraient simples, sans dommages collatéraux.
Les yeux ouverts dans la pénombre, les moutons comptés sautilleraient comme des marionnettes, nous invitant à la plus étrange des farandoles, et nos paupières ne résisteraient plus longtemps à l'invitation d'une résonance morphique. 
Les substances transmuteraient tout le temps, pour donner naissance à d'étonnantes créatures éphémères, apparaissant et disparaissant sans aucune raison. Il n'y aurait d'ailleurs plus d'explication pour grand chose, pour finir. A quoi bon raisonner lorsque l'inéluctable n'est plus ?
Inception.
Inceptions.
Au commencement, était ...



Extrait VP


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