Un chat reste un chat

...

Tu m'irrites. Je n'aime pas tes regards en coin, ceux qui indiquent à quel point tu penses maîtriser le fauve tapi en moi. Mes griffes rentrées ne signifient pas que tu es hors de danger. Bien au contraire. N'as-tu donc jamais observé de chat à l'affût ?
Le jeu consiste à laisser croire à sa proie qu'elle peut aller, en toute liberté, fureter dans chaque recoin du territoire infesté. Le souriceau (admettons qu'il s'agit d'un novice en la matière, ou tout du moins, un adolescent ...) pointe d'abord son museau, cette petite chose frileuse qui renifle avec toute l'inquiétude du monde au bout de ses moustaches. Il esquisse quelques tentatives, pattes avant à peine posées, aussitôt retirées. Un peu comme s'il vérifiait la température ambiante. Quand finalement il décide qu'il est grand temps, il ne réfléchit plus. Son corps malingre au pelage tout doux trottine vaillamment, poussant au plus loin ses investigations curieuses. Il a oublié les précautions élémentaires, ne vérifie plus ses arrières, tellement sûr de lui qu'il va même filer directement, sans préavis, dans la pièce voisine, envahisseur opportuniste qu'il est.
Quelle erreur ...
Le chat, terrassé de sa fatigue légendaire, sur le haut d'un radiateur en fonte confortable, lui jette un oeil amorphe tant que l'en-cas reste dans les parages. Lorsqu'il quitte son périmètre direct, la chose est autrement plus intéressante. Il s'étire longuement, avec une nonchalance manifeste. Le voilà soudain juste derrière le souriceau, qui n'a rien vu venir. La longue queue lisse fait l'objet de sa première préoccupation, il entame donc une amusante partie de ping-pong entre ses pattes avant, lames rétractables qui le titillent. La vie est bien peu de chose à la vue d'un jeu si ludique que l'engeance de son dîner favori en balle stridente.
...
On ne maîtrise jamais tout à fait ce qui nous domine, par nature. C'est un fait.
Capice ?


Petit extrait d'un truc en cours VP

Commentaires