Cette différence qui pèse une montagne



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C'est lourd,  une montagne.
Sachant qu'un bon gros rocher avoisine les 20 tonnes, en fonction de sa composition, le calcul est affolant, alors cette comparaison avec une montagne, même toute petite, c'est un peu comme si l'on mesurait la distance vers le bas de ma rue avec un bébé limaçon.
Or.
C'est si facile d'être un enfant, lorsqu'on est doté de parents compatissants ; la nouveauté des ces dernières décennies, c'est le modèle mono, alors là, c'est formidable, tu gardes le meilleur des deux, tout le monde veut être le préféré, et la guerilla familiale peut commencer, à grands renforts de surprises-surprises, de séances de ciné, bowling, laser game, week-end à la neige, crêpes matin/midi et soir, ou encore thématique on-ne-se-nourrit-que-de-bombecs, ce qui a vite des conséquences gastriques des plus désagréables, mais les limites et les règles sont faites pour être piétinées dans le fief de l'enfant roi. Et puis, ça ne dure qu'un temps, le parent bipolaire sombre assez vite dans un ' c'est pas ma semaine " et finit sous la couette pendant deux jours, souffreteux de solitude, le nez larmoyant, la haine ancré au corps, comme bout de persil sur une canine un jour de réunion ; le pire restant à venir, les speed-dating, à la recherche de sa nouvelle moitié, sauf que les pépins sont ailleurs, du coup, on évite les trucs avec des graines, adios les framboises, les pommes, poires, reste un scoubidou mais c'est pas trop comestible, que faire, ah tiens, une banane, bof bof, retour à la couette, et se rajoute la rancœur à la haine, ça fait beaucoup de monde là-dedans, on craint l'explosion, heureusement, c'est lundi, puis mardi, et c'est la bonne semaine, avec la chair de sa chair.Ouf.
Puis.
Un jour, tu rencontres quelqu'un avec qui tu vois bien que la couette va être moins déprimante. Tu tentes un peu, parce que c'est rigolo de faire une tente avec une couette, et si en plus y'a un invité, c'est plus du camping sauvage, c'est la civilisation qui rapplique dans ton pieu, et pour l'ours des cavernes, c'est un peu comme un festival. Ta mauvaise semaine devient une sacrée bonne semaine, et du coup, lorsque l'enfant paraît, tu réintègres ta course poursuite pour la médaille du meilleur parent, lundi, mardi, mercredi ça commence à te pomper, cette invention nulle que tu as eu de proposer des crêpes toute la sainte journée, et tu passes une grande partie de ton après midi perché sur les chiottes, à chouiner auprès de la personne qui a visité ton campement, la semaine de la loose, qui a t'a fait découvrir la diète au jus de citron, vu que c'est détox, et que tu n'avais pas fait les courses pour cause de nuit à la belle étoile, tes fenêtres grandes ouvertes à compter les filantes, avec ton vis à vis imperturbable, ah zut ça c'est la mémée du quatrième qui vient d'ouvrir son frigo, c'est pas une filante, encore que.
Pour finir.
T'es bien obligée de reconnaître qu'il y a une sacrée différence entre toi et le campeur. D'environ le poids d'une montagne. Et sans doute plus encore. Toi, tu es parent.
Et c'est une belle et bonne montagne.
Tu l'aimes plus que tout.
Avec ou sans crêpes.

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