Description d'une boite de conserve

J'étais partie sur la boite de conserve, à la base. Tout ça parce qu'une mienne amie m'avait un peu mise au défi de pérorer sur le récipient en fer blanc le plus répandu sur la planète, peut être même mieux encore que la célèbre boite en plastique que nous n'achetons qu'en catimini, lors de réunions quasi secrètes, loufoques Matahari fondues d'arts conservatoires, ce qui nous ramène, en ligne droite, sur son ancêtre, citée plus haut. Sauf qu'en cherchant de quoi illustrer dignement mon propos, je ne vois que pauvres cylindres ondulés parfaitement symétriques, il y a sans doute une raison obscure à ses rainures, alors je cherche encore et tombe, bouche bée, sur un article des plus instructifs sur Wikip, je me rends compte qu'il ne s'agit pas juste d'une simple boite en fer blanc, mais d'un enjeu économique des plus sérieux, que depuis 200 ans, les industriels se cramponnent au concept le plus malin depuis des lustres, et vas-y que ça peaufine, que ça invente le fer chromé, un truc à électrolyse, que ça créé des fermetures itech, que cet opercule avec anneau, c'est le résultat de recherches de ouf, que ce qui nous paraît le plus banal, au quotidien, est souvent le résultat d'un amas de combinaisons à variations multiples, que je suis dorénavant incollable sur la boite en question. La boite de sardines se prend une phénoménale projection vers le haut du podium, number one, la sardine dans son étui brillant, son petit bain d'huile aromatisé comme il se doit, tout ça méritait bien d'y perdre un peu la tête, finalement.
Or donc, le challenge perdait un peu de son piquant, et presque à regret, je visionnais des bricoles lorsque je les ai vus, juste abandonnés à l'instant, un attablissage forcé, quelques cailloux autour, et eux, encore vifs, macramés de désir, seuls au monde, magnifiques.
Les pétales.
Ils étaient tulipe, tantôt.
Une si jolie fleur. Tout en simplicité. Corolle oblongue à la parure discrète, robe vivace qui se meurt en mollesse, pas flétrie, non, comme un évanouissement floral, une évaporation ultime. Quelle fin délicate, partir en évanescence parfumée. Merveilleux.