Les chagrins d'amour, mode d'emploi


...
Et ça recommence.
Cette personne, vous n'en vouliez pas.
Elle a réussi à vous convaincre par l'usure.
A force d'être présente, sous votre nez, agitant le drapeau rouge de l'amour possible, avec ses yeux d'affamé depuis longtemps, un rescapé de la diète pour famine obligée ; les petits cadeaux sans occasion particulière, comme un acompte à rendre, qui sait, sur un malentendu ; les invitations déclinées, puis au final, acceptées ; l'espèce d'effervescence tangible que vous provoquiez par votre seule arrivée. Bref, vous avez laissé cette personne entrer dans votre cœur.
 
Puis un de ces quatre, elle a trouvé l'herbe plus verte ailleurs.
Aïe.
 
Vous voilà donc anéantie.
Tout bien considéré, avant de partir en confettis, et se balancer par les fenêtres, il semble intéressant de faire machine arrière.
En rassemblant les débuts de l'histoire, il se peut que vous vous rendiez compte qu'en réalité, vous n'étiez pas vraiment amoureuse de cette personne. Que vous n'aimiez surtout que le fait d'être à l'origine de cet engouement. On ne va pas se voiler la face, être l'objet des intentions amoureuses de l'autre, c'est super valorisant.
C'est nettement plus cool que de passer inaperçue en allant faire les boutiques, vu qu'il y a le porteur de paquets, qui sort sa carte bancaire plus vite que la votre, et avec le sourire encore.

Donc, vous avez capitulé, quelque peu.
Suffisamment pour vous laisser emballer, partant du principe qu'un homme qui est avec vous, n'est pas avec une autre, ce qui signifie beaucoup en matière de psychologie masculine.
Le fameux Théorème de la Mono-tâche.
Un seule personne à la fois.
Dans le cœur, bien entendu. Sachant que le reste du fonctionnement n'est pour la plupart pas du tout lié aux sentiments ressentis.
C'est ici la démonstration de la règle numéro 2 : la division des fonctions. Les vitales, et les autres.

Pas si simple de garder ces bases élémentaires, alors que les violons vous bercent de quelque chose qui ressemblerait à s'y méprendre, à la mélodie du bonheur.
Nous sommes d'accord.
Vous êtes en train de flotter sur votre nuage, y'a des cupidons partout, c'est l'embouteillage aux portes de l'Eden, à tel point qu'un agrandissement est envisagé tout en Haut.
Votre vie s'est transformée soudain en long fleuve tranquille (réf.cinématrographique), et ça vous va très bien, votre mère peut glousser d'aise avec ses copines du club du 3ème âge, vous êtes enfin casée. Presque.

Mais comment est-ce possible, alors, ce gigantesque capharnaüm qu'est devenue votre existence en l'espace de 48 heures ?

Rien de plus simple.
Le phénomène du chasseur, sachant chasser sans son chien, qui ne chasse rien. Et oui. L'homme reste, tout au fond de ses gênes, un chasseur. L'excitation de la traque. Cette course-poursuite à perdre haleine, à perdre la raison, à tout perdre, pour une seule minute avec sa proie. Globalement, et même si les féministes que nous sommes toutes vont pousser des hurlements de contestation, cette vérité est à prendre en considération.
Lorsque vous êtes abandonnée, vous ne devez jamais ô grand jamais vous remettre en question.
C'est juste que vous n'êtes plus à conquérir.
Et je suis certaine que vous voyez immédiatement où je veux en venir, avec mes gros sabots.
La solution à ce phénomène est évidente.
Il faut conserver une portion d'identité secrète.
Pas forcément Mata Hari.
Mais ce petit mystère qui plane dont il ne possédera jamais la clé.
Ce qui reste hors de portée garde intacte l'aura de la séduction, un dix carats impossible, la bagnole de James Bond, celle avec les rétrofusées, le Yacht d'Onassis, le voyage dans la 4ème dimension.
Bref.

Il n'y a pas vraiment de posologie, lorsqu'on se prend une rupture dans les dents. On fait souvent avec les moyens du bord.
Vous allez devoir supporter les bonnes âmes qui vont vous expliquer que ce qui ne vous tue pas, vous rendre plus forte. Vous vous en seriez bien passé, de devenir Musclor.
Il y aura celles et ceux qui prendront votre parti, crachant leur venin sur l'autre pauvre minable (que vous aimez peut être encore, d'ailleurs), ce qui aura pour effet de les détester, eux aussi. Voire, eux en premier.
Vous entendrez que le temps guérit toutes les blessures.

Ce que j'en pense, c'est qu'un chagrin d'amour, c'est un chagrin.
Tout court.
Que l'amertume est légitime.
Qu'on a le droit d'être triste.
Qu'on n'est pas obligé de faire semblant d'aller bien

L'essentiel, c'est encore de vivre, parce que les déceptions font partie des possibilités. Comme les grandes joies.
Et ça, c'est formidable !



 

Commentaires

  1. Réponses
    1. En même temps, avoir un chagrin d'amour, c'est aussi l'avoir vécu. C'est déjà une chance, en soi, n'est ce pas ? Amitiés Mme Mona

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