Lettre d'adieu, ou comment partir avec dignité ?

 

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D'autant que souvent, il ne vous reste plus que ça, la dignité, elle est à conserver, coûte que coûte. Voyez ça comme une affaire d'honneur, et ce n'est pas si éloigné, en vérité.

Le topic est le suivant : vous quittez une personne que vous avez aimé. Jusque là, rien de bien difficile. Mais ça peut se compliquer en fonction de la configuration, comme toujours. Le principe des listes permet de visualiser ce qui est essentiel, au premier coup d'œil et ce qui est superflu. Une rupture, c'est à la fois une nouvelle histoire qui va pouvoir commencer, et si vous le faites en contrainte, une ancienne qui se termine, ce qui paraît soudain moins funky.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier les étapes nécessaires pour passer, comme une anguille, côté force obscure.
Il semble que les processus soient bien ancrés dans l'organisationnel des coach et/ou thérapeutes ; pour les uns, il y a douze paliers, pour d'autres la moitié, et très honnêtement, je crois fermement que cela dépend vraiment d'avantage de la situation, avant.

C'est très différent de quitter une personne que vous avez aimé, puis moins chaque jour, pour finir, un matin, à vous demander si jamais vous avez pu avoir la moindre affection pour elle, que de s'arracher, de force, d'une personne qui n'est pas bonne pour vous, mais dont vous sentez à quel point l'addiction vous mène à votre perte.

Lorsque les sentiments ne sont plus, il peut rester quelque chose que l'on pourrait tenter d'appeler de la tendresse. Je n'y crois pas trop. Lorsque l'on aime plus, il n'y a plus rien.
On part, un point c'est tout.
La lettre que vous pouvez écrire sera probablement une sorte d'examen contrit de votre conscience, non seulement une tentative assez lâche de vous faire pardonner, alors que vous en avez rien à foutre, de la personne que vous quittez. Au mieux, ça vous donnera bonne conscience, parce que ce n'est pas une raison pour chercher à choper l'auréole. Attention aux remords par écrit, ça peut vous perturber durablement, car les paroles s'envolent, les écrits restent. Ce que l'on trace avec sa main, reste, un temps, coincé quelque part là-haut, comme l'ombre d'un temps révolu, si vous voyez où je veux en venir. Méfi !

" Je te quitte parce que je ne t'aime plus, mais ce n'est pas de ta faute.... "

Implicitement, vous vous accusez de la rupture. Mais pourquoi donc chercher un coupable pour porter l'échec d'une relation amoureuse ? Il n'y a pas d'explication au désamour. Comme il n'y en n'a pas au coup de foudre. C'est ainsi.

Mais si vous quittez une personne qui vous détruit, c'est l'heure de vous faire plaisir.
La fameuse liste va sacrément vous aider à dénigrer, point par point, à quel point cette personne a fait de votre vie un enfer. Sachez que même si la lettre n'est lue qu'en diagonale, ce sera suffisant pour saborder son égo, et si sa jouissance se trouvait à la source de votre souffrance, votre libération, à elle-seule, sonnera le glas de sa défaite. Il n'y a pas de victoire plus flamboyante que celle qui libère l'aliénée par amour.
Chaque mot figurera autant de pointes acérées, et certaines plaies ne guérissent jamais. Votre lettre sera votre pass pour la nouvelle histoire à venir. Une histoire chasse une histoire. C'est la règle.

" Je te quitte parce que j'ai l'envie de vivre plus forte que de te laisser m'éteindre, à petit feu..."

Bim ! Là, ça fait mal. La responsabilité est posée d'emblée, on ne joue plus, la partie de dominos est terminée, et vous avez gagné. C'est un sentiment de toute puissance qui inondera votre cerveau, et lui, il se chargera de prévenir toutes vos cellules. Tout le monde sera en mode endorphine à bloc, sans doute bien avant que vous en ayez la sensation très nette.
Quittez le purgatoire, c'est déjà un petit pas au Paradis. Donc.

Enfin, il reste une troisième possibilité.
Vous quittez une personne, mais.
Vous ne voulez pas vous griller définitivement. Les relations amoureuses sont complexes, et si l'on déteste du jour au lendemain, l'on peut tout à fait aimer follement, dans un timing similaire.
Ce sont les amours d'impulsion.
Il n'y a pas grand chose à expliquer, puisque vous êtes dans ce cas de figure, guidé par votre instinct, et la raison n'entre à peu près jamais en ligne de compte. Sauf, peut-être, lorsque vous mettez fin à cette parenthèse. On peut considérer que la partie cérébrale sort de son sommeil, et là, l'évidence, vous n'avez rien à faire avec cette personne, et le mode " la carapate " reste la seule option. Raisonnable.
Tout de même, le fait de penser à la raison tend à prouver qu'il n'y a pas vraiment d'amour. Car enfin, l'amour, c'est l'antithèse de la raison, ne croyez-vous pas ?

" Je te quitte sans le vouloir, c'est ainsi, nous nous croiserons à nouveau, j'en suis sûre... "

Vous laissez une porte entrouverte, ça fonctionne pas mal, l'autre ne se sent pas exclu, il n'est pas abandonné, il est mis de côté pour plus tard, comme si vous gardiez le meilleur pour la fin. Et la faim. C'est valorisant pour l'autre, et vous vous placez dans une position de décisionnaire flatteuse pour votre petit moi.
J'appelle ça de la manipulation.
La réalité reste. L'autre souffre moins. Vous aussi.
C'est la lettre de rupture la plus satisfaisante pour les deux parties.

Souvenez-vous que quelques lignes pour annoncer la fin de quelque chose sont des signes immuables, qu'ils n'attendent pas de réponse.
Le happy end, ce sera pour la prochaine fois.
Je vous le souhaite.