La couleur phare, le jaune, oui, mais...

 
A chaque saison, sa nouvelle couleur phare, et cette année, forcément, c'est le jaune.
Pourquoi serait-ce l'évidence, d'après vous ?
 
D'abord, un phare, ça doit éclairer les côtes, et tout ce qui peut être caché, par la nuit, le brouillard, une mauvaise paire de lunettes. Alors bien sur, vous allez tenter un " oui mais le blanc, ça éclaire aussi ... ", et vous avez raison. Sauf qu'on parle couleur. Le blanc, ce n'est pas une couleur. Il s'agirait, d'après Newton, de la teinte obtenue en mélange la lumière de toutes les couleurs. C'est un champ chromatique sans teinte dominante, à part cette forte luminosité. L'argument concernant le blanc étant à présent réglé, nous pouvons observer notre phare, jaune, du coup.
 
Le jaune, c'est solaire.
C'est comme si tout à coup, on se retrouvait sous les feux de la rampe, non pas que l'on tienne absolument à se donner en spectacle, mais enfin, comme il vaut mieux faire envie, que pitié, autant être au centre des attentions.
 
Pour les intentions, il faudra s'en tenir à ce qu'évoque la couleur jaune, auprès de la population en général. 
Et surprise, le jaune n'a pas super bonne presse dans le langage courant. Ne dit-on pas de quelqu'un qui semble malade, qu'il a le teint jaune ? Et choper une jaunisse, ça n'a rien de glamour.
 
Explorons plus avant, comme par exemple, rire jaune. Ce qui n'a rien à voir avec le fait d'un rire asiatique, ce qui serait une expression des plus racistes, mais plutôt du rire " forcé " des hépatiques. J'ai tout de même du mal à croire qu'on ait pensé à créer une expression juste pour mettre en avant un rire de convenance, notamment chez une personne malade. Je trouve ça assez ignoble, je l'avoue.
 
Que penser du jaune cocu et de sa veine légendaire ? Ce qu'il faut vraiment mettre en avant, aujourd'hui, c'est que le jaune est une couleur qui représente l'ignominie, la trahison, dans les mœurs européens, et ce, depuis super longtemps. Du coup, qu'une personne trahie soit représentée, socialement, en jaune, prend tout son sens. On peut imaginer qu'il est doté d'une chance insolente, pour contrebalancer la tromperie qu'il a subi. Une façon empirique d'exprimer le " Heureux au jeu, malheureux en amour ". Qu'il soit jaune ne change pas grand chose à sa réalité de cocu. Par contre, il peut varier et devenir rouge de colère, ou vert de rage. Un vrai petit caméléon, notre cocu.
 
Un jaune, c'est aussi un briseur de grève. Un traître, selon les syndicalistes, et là, je suis drôlement perplexe. Pour quelle raison étrange, les gilets rebelles ont-ils choisi cette couleur qui n'illustre, visiblement rien de bien bon dans la conscience collective ?
Pourquoi se parer de quelque chose qui évoque la traîtrise, alors que leurs revendications sont à l'inverse, face au pouvoir qui reste sobre, ben tiens, ils ne sont pas fous, à l'Elysée. Les Men in black ont tout compris aux règles de base, le visuel, ça fait toujours la différence. Plus la couleur est violente, moins la mayonnaise prendra, à long terme. A méditer, non ?
 
A part remporter le maillot jaune, je ne constate, hélas, pas la moindre esquisse vers un colori glorieux, qui nous transporterait sur sa propre ligne, celle des limites franchies en danseuse.
 
Maintenant que j'ai saisi quelques unes des nuances du jaune, je tente désespérément d'y trouver un peu de ludique. Et en effet, j'ai le plaisir de vous rappeler la mignonne ballade " Yellow Submarine " des Beatles, bon d'accord, c'est pas transcendant.
Je ne suis pas certaine qu'on puisse appliquer un cinquante nuances de jaune, sur une thématique similaire. Immédiatement, il y a cette aura de pauvre picolo, celui qui commande son petit jaune au comptoir du premier troquet venu, c'est presque kitch.
 
Sinon, un bonnet jaune, si c'est sur votre chien, tout bien réfléchi...
 
 
 
 


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