Pourquoi veut-on toujours l'impossible ?

 
 
 


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Parmi toutes les questions à réponses multiples, celle-ci a tendance à nous expédier aux confins de nos désirs secrets.
Bien sur que l'on ne se vante pas trop de ne pas obtenir tout ce que nous voulons, partant sur le principe qu'il vaut mieux faire envie, que pitié. Les gens qui passent leur temps à se plaindre, ça va bien deux minutes, de temps en temps, histoire de faire une bonne action, un peu comme du bénévolat dans l'humanitaire quoi.

J'en connais des tas, de pauvres hères en mal de tout, mal d'amour, mal de tête, mal foutu, mal en point, mal en pis, mal partout.
Je ne les évite pas systématiquement.
Tout dépend de ma dimension bienveillante au lever.
La fuite n'est pas toujours la bonne solution. Il se pourrait qu'on se sente en désaccord avec ce qui doit être fait, prendre soin de l'autre, une affaire de non assistance de personne en danger. Même si le seul risque sera notre propre migraine, au final.

Mais alors, pour quelle raison toutes ces personnes pleurnichent continuellement après ce qu'elles n'ont pas. Ou plus.
Et surtout, pourquoi ça dure aussi longtemps ?

D'abord, nous ne sommes pas égaux face au manque.

J'en connais qui possèdent la capacité incroyable d'oublier en quelques jours une personne qui a été proche. Presque en un claquement de doigt et voilà, terminé, y'a plus rien à en dire. De qui ça, au fait ? Vous voyez le genre ?

Il existe aussi des addicts à l'addiction.
Et oui, ça, c'est compliqué à vivre. Il s'agit de personnes souvent passionnées, qui ne peuvent envisager leur existence qu'à travers la foudre, le feu et le sang. Toute cette violence une fois consommée ne peut rien donner de bon, à l'arrivée. A part un goût de cendres dans la bouche. Et ce genre de saveur ne disparaît pas aussi vite qu'on pourrait l'espérer. En général, un brasier mort se remplace par un autre début d'incendie, et ainsi de suite. On pourrait penser que ça sent un peu le souffre, tout ça. On n'en n'est pas à des kilomètres, d'après moi, mais chacun à le droit de mener sa vie comme il l'entend, donc.

Le pragmatisme survit le mieux aux épreuves.
Sa force tranquille réside justement dans son réalisme, un blindage assez résistant pour ne pas trop morfler en cas d'intempérie.
Hélas, on ne devient pas une personne empirique. Même si l'expérience permet d'en acquérir quelques bases, il y a nécessité d'un terrain propice. Un cœur tendre ne saura jamais faire fructifier ce qu'il a appris, avant. Il rempilera avec la même frénésie. Le pragmatique lui, saura mettre de la distance entre les évènements, les antagonistes, et les résultats à venir. Une banqueroute ne lui fait pas peur. Elle le rendra plus fort. Poussez vous de là, y'a rien à voir.

Si on peut tenter comme ci dessus, de classifier un peu, les portraits type n'existent pas vraiment.
Le second point représente, à mon sens, l'argument le plus intéressant.
Imaginons un petit âne, avec son pelage gris, ses beaux yeux doux, ses oreilles articulées, et son entêtement légendaire. S'il n'a pas l'intention de faire le moindre pas, vous pouvez toujours vous cramponner, il se transformera en statue. Je ne sais si c'est vrai, pour n'avoir jamais utiliser d'âne pour me déplacer, mais l'on raconte qu'en lui faisant miroiter une carotte, juste là sous son museau, en prenant soin qu'elle soit inaccessible, votre monture vous emmènerait au bout du monde.

Et si notre carotte inaccessible, nous la transposions tout naturellement dans nos désirs ?

Chacun d'entre nous, à sa façon, espère que les licornes existent, que le lapin de Pâques pond des œufs en chocolat, que le Père Noël a embauché dans le plus grand secret ses propres parents, mais que personne ne l'avouera jamais.
Qui n'a jamais imaginé, coincé dans une bulle de rêve à demi éveillé, qu'il tenait entre ses mains un monde crée juste pour lui ?

Si à l'impossible, nul n'est tenu, personne n'a fait mention du moindre secret dans les ramifications de nos cœurs d'enfant.
C'est un oubli, je pense.
Car ce sont bien nos rêves qui nous poussent à accomplir l'inimaginable, cette impossible équation que nous résolvons avec la facilité des êtres sans limites.
Parce que nous sommes déjà demain.
Et que demain, nul ne sait de quoi il sera fait.


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