La trottinette électrique, ou le nouveau symbole de l'anarchie populaire



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Je sens que je ne vais pas me faire que des amis, sur ce coup là...
Mais...
Tout a commencé lorsque j'ai vu les services municipaux installer un peu partout dans la ville, des trottinettes. Au départ, elles étaient stationnées deux par deux, en général à la sortie des métros. Je pensais qu'il s'agissait alors d'un nouveau jeu à la con d'ados, et vas-y que je te pique des trottinettes, et les abandonne n'importe où, putaing que c'est drôle de faire chier les gens.
Mais non. C'était bien pire.
La ville avait décidé de nous faire un cadeau. A nous, les urbains, les indécrottables, les sans bagnoles, les bobos bios, les usagers des transports en commun.
Je me suis dit, tiens, c'est une bonne idée, vu que les vélos à disposition, à moins d'être musclor, y'a pas moyen de les utiliser sans tendinite, ou de mesurer un bon mètre soixante dix, ce qui correspond à la population des vingt/trente ans, les quadras n'ont qu'à bien se tenir dans leur smart, les quinquas et plus, vont pas faire suer, z'ont qu'à se cramponner à leurs volants de luxe, et leur climatisation polluante.
Bien évidemment, si vous ne faites pas partie de la liste ci-dessus, vous l'avez dans l'...fût.

Mais qu'importe, j'avais décidé de trouver l'idée chouette, donc je suis restée sur le cadeau de la ville aux habitants. Qui plus est, c'est gratuit, on va pas chipoter, faut pas déconner.

Sauf que...
C'était sans compter sur la pratique d'usage en milieu citadin concernant les transports, par les utilisateurs.
Vous le savez peut être, les marseillais ont une sacrée mauvaise réputation en matière de conduite, qu'il s'agisse de deux ou quatre roues, d'ailleurs. On pouvait se douter qu'avec l'arrivée de la trottinette électrique, ça n'allait pas s'arranger, d'autant que plus besoin d'utiliser sa propre force de propulsion, et là, clairement, ce fut la porte ouverte à la cacophonie trottinistique.

Le lendemain de ma découverte, en sortant de chez moi, j'ai failli m'en prendre une dans la gueule, de trottinette. Une qui dévalait à fond les vallons, ma rue pentue, son conducteur, une espèce de grand escogriffe transformé pour l'heure en fous du volant, lui Satanas, et son rejeton cramponné au guidon, petit Diabolo ricanant. Ils ont fait un maigre écart, afin de m'éviter (presque, j'étais encore sur le pas de ma porte, sinon, crac), et sans un mot d'excuse, ont continué de dévaler le trottoir, binôme parfaitement ridicule, à l'incivisme le plus complet.
Je venais de découvrir la seconde couille au concept : le passager.
Ah mais oui !**
Parce qu'à Marseille, une trottinette électrique sur deux, convole en double, un devant (en général Dulcinée ou rejeton), le seul maître à bord restant l'homme de la situation, et là, troisième couac du concept, un tantinet sexiste le concept qui révèle que la figure paternelle a encore de beaux jours devant elle. Quelques rares femmes, mais sans enfant en guise de pare chocs (vu que c'est hyper dangereux, cela doit-il vraiment m'étonner, ben non, il s'agit de bon sens et de juste appréciation des risques inhérents à ce genre de transport), et encore moins Jules, coincé entre les deux.

Alors, ne voulant pas faire la polémiste, je me suis pensé, bah, ça doit être une cause physiologique. Tant les femmes ont de plus petits bras que les hommes. J'ai donc farfouillé sur le net, afin de vérifier cette théorie, et bien m'en pris, car en réalité, les bras sont proportionnels à la cage thoracique, sans les seins. Ah ben voilà qui est drôlement intéressant ! Parce que dans les faits, si moi, en tant que femme j'ai les bras trop courts pour tenir la trottinette électrique avec Jules en passager statique, je les ai aussi pour faire mes vitres qui sont trop hautes pour mes petits bras. Et là, j'entends la voix des casses bonbons qui me susurre que j'ai qu'à utiliser une échelle. C'est sur qu'en trottinette, ça part de suite en échafaudage.
Bref.

On voit bien après cette démonstration quelque peu décousue, que les trottinettes électriques seront la coqueluche de l'été marseillais, ne serait-ce que pour leurs possibilités multiples de se déplacer dans tous les sens (surtout les interdits), qu'en cas d'accident, vaudra mieux être le conducteur que le piéton (comme toujours, vous me direz), et qu'avec tout ça, les salles de sport seront blindées de faignants à la fesse molle, au mollet plat, mais au bras long.
Pour ma part, je continuerai... sur mes deux pieds...avec mes petits bras...

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