Ce qui ne nous tue pas nous offre un plan B


Ou C. En réalité, peu importe le nombre de plans qu'il nous faudra tenter avant d'avancer. On s'en tape. L'idée générale, ce que le seul truc vraiment grave et définitif, c'est la mort. Vu. Donc, tant qu'on sent la rage, l'amour, en gros, les sentiments humains, on sait déjà qu'on a des tas de possibilités encore à explorer.

Alors, oui, la vie est vraiment formidable.

Pour exemple, vous attaquez votre semaine en plein marasme désespéré, et malgré le fait que vous soyez en vacances, vous n'avez goût à rien, vous vous sentez glisser vers une spirale super triste, molle et flasque. On peut raisonnablement considérer que vous nous faites une petite baisse de tonus. Et ça va durer. Parce que parfois, on a besoin de se laisser dégringoler, histoire de constater jusqu'où vous pouvez descendre, question introspection personnelle, ah ben ça, c'est incroyable, vous pouvez creuser des tunnels vertigineux au centre de votre propre univers. Vous allez sans doute rencontrer quelques vestiges du temps jadis, de l'ère primaire, vos dinosaures, vos premiers échecs tant que nous y sommes, autant boire la lie jusqu'au bout.
C'est fini ? Bien.

Donc, récapitulons. Vous êtes quasi enterré, c'est la fin de la fin, tout est cuit, les carottes, les navets, c'est le bouillon de minuit quoi. Et bien c'est quoi ce gros sanglot qui coince ? Allez, quand faut y aller, on se dégonfle pas. Vous allez pleurnichouiller un peu, et ça va vous faire encore plus mal partout, parce que de se voir en train de chouiner, c'est comme de se regarder se vider de son sang. Tant que c'est les autres, on gère. Mais soi-même, boudiou, c'est une autre paire de manches. Si on y arrivait si facilement, on serait directement dans la case TERMINATOR, une sacrée référence en matière de super méchant sans cœur, ni foi ni loi, et du fait, on ne saurait pas du tout de quoi il s'agit depuis le début de cette chronique.
On se meurt avec parcimonie, et bien sur, y'a personne pour vous écouter souffrir, c'est sur qu'un bon public, ça se trouve pas au coin de la rue, et vos amis doivent le sentir, ils sont injoignables. Tout ceci est parfaitement normal.

Ce que je trouve extraordinaire, c'est qu'on nous a seriné depuis des lustres qu'il vaut mieux faire envie que pitié. FAUX !
Je peux vous certifier, et vous prouver s'il le fallait, que les personnes sachant user, et abuser de leur souffrance (fictive ou pas, d'ailleurs) sont les plus entourées. Et là, vous allez penser que c'est pas juste. Et bien pas tant que ça, en fait.
La compassion est dans la nature humaine, et fait partie du programme scolaire intercalée quelque part entre tolérance et bienveillance. Forcément qu'il finit par en rester quelque chose, y compris chez les plus sombres des connards. Conséquence, les larmoyeurs ont droit au quotidien à un incroyable tapis rouge de soutien, alors que vous, lorsque vous flanchez, vous vous faites limite pourrir la gueule par vos proches, qui n'en croient pas leurs oreilles. Comment ça, vous allez mal ? Et depuis quand d'abord ? 

Finalement, la discrétion ne paie pas.
Et si vous ne supportez plus d'être au bout du rouleau tout seul, il ne vous reste plus qu'à apprendre à vous comporter comme un adepte du mur des lamentations.
Quelques petites astuces ?
Imaginons que votre début de dépression rappelle à votre interlocuteur à quel point il a souffert, lui aussi, comme d'ailleurs cette fois-là, où  truc, l'enfoiré, et c'est parti mon quiqui, vous n'aurez plus qu'un seul droit à partir de là, répondre par monosyllabes. Le seul moyen de couper court à l'épanchement d'inscrustation par extension, c'est de couper réellement la communication. Le tunnel reste une solution acceptable. Sérieusement.
Vous pouvez également développer votre potentiel à la pleurnicherie, ça fonctionne assez bien. N'oubliez pas qu'une conversation que vous démarrez d'une voix d'outre-tombe ne sera pas sabordée aussi facilement. On ne détrône pas un agonisant.  A noter quelque part.
J'en connais qui utilisent la technique hautement maligne de la surenchère. Mais là, il vous faut un minimum d'imagination, et le sens de l'à-propos. Si on vous dit qu'on se sent grippé, vous devez systématiquement annoncer au minimum une bronchite asthmatiforme, et ce n'est que le début. On vous raconte un malaise dans le couple, il vous faudra trouver un divorce ou un mariage pour emporter le coup. 

Sinon, vous pouvez vous entraîner aux échecs. A force, ça va finir par devenir un automatisme. Comme les portails, mais sans les pannes, ni les piles pour la télécommande. Juste un peau d'eau à votre moulin, et vogue la galère.

Enfin, vous avez l'option, la dernière, celle d'attendre votre good vibe, parce que vous allez remonter sur la plage, c'est certain.
Alors oui, vos vacances sont peut être finies. 
Mais qui vous empêche de les prolonger et de les apprécier enfin ?
Votre bonne conscience ? On a vu ce que ça donnait …
Ce que j'en dis, moi…
Souriez !

Commentaires