Dépénalisons les cocus (ça sera toujours ça de moins)



Dans la série des scénarios catastrophiques, se retrouver soudain dans la peau d'un cocu, dans le langage courant, c'est plonger dans le creux de la vague, celle de la honte. Vous savez bien qu'il vaut mieux faire envie, que pitié, dans notre monde cruel où toute ecchymose du destin peut vous refiler une gangrène, à défaut, une bonne migraine.
 La bonne nouvelle, c'est que la paire de cornes reste virtuelle, imaginaire quoi. Et qu'en effet, quitte à parader avec un diadème, autant que cela ne soit pas une couronne tirée d'un bestiaire malencontreux.
Entre nous, ils en bavent déjà assez, les pauvres cocus. Non seulement, ils se retrouvent du jour au lendemain, victimes d'un fricotage intempestif de leur moitié, enfin, du coup, peut être un quart, puisque la notion de partage est revue à la hausse, mais en plus, ils se retrouvent affublés d'une paire de cornes imaginaires dont ils se passeraient bien.
Il ne manquerait plus que la gonzesse moche de la météo annonce qu'avec un peu de Mistral pour demain, il ferait bien un temps à décorner tout ce petit monde. Elle pourrait même proposer aux automobilistes de prendre des dispositions, vu qu'on risquerait bien l'embouteillage de cornes, déjà. Parce que les cocus sont nombreux. Très. On n'imagine pas à quel point la tromperie, la tentation, les opportunités augmentent de façon exponentielle, la pourcentage de nos malheureux cervidés.
Alors là, je sais que vous allez me trouver pestouille, et ce n'est pas tout à fait faux, mais dois-je vous rappeler que l'humour reste l'arme la plus fatale en cas de cellule de crise ?
Et se retrouver cocu, c'est clairement un méga coup de boule dans l'égo. On se prend un bon vieil uppercut dans la confiance en soi. La première des choses à laquelle vous allez penser, ce sera sans doute, mais enfin, POURQUOI ?
Alors oui.
Pourquoi ?
Je répondrai juste : pourquoi pas ?

La frontière entre le fait d'envisager une autre personne que celle à laquelle vous êtes lié, et le fait de conclure, n'est pas dynamitée tout du long, avec des crocodiles dans les douves, et une armée de clebs super affamés en contrebas.
Donc, c'est finalement assez simple de tromper quelqu'un.
On peut considérer que c'est souvent sans conséquence, surtout si on ne se fait pas chopper, bien sur.
Le problème, c'est qu'une fois qu'on est passé de l'autre côté, et que pas vu, pas pris, la récidive sera fréquente. C'est tout de même braver un interdit, et en plus, sans retour de bâton, donc j'ai envie de dire que c'est parfaitement immoral, ce qui me gêne un peu, au niveau du concept. C'est qu'on aime bien que justice soit faite ; les infidèles ne sont pas respectés, mais enfin, on ne va pas casser la gueule à 25 % de la population. C'est que ça représente une personne sur quatre, c'est énorme.
Quand on y réfléchit deux secondes, c'est limite angoissant de penser que sur dix de vos amis, et bien il se pourrait qu'au moins deux optimisent l'encornement général. Les andouilles !

Sinon, le cocu peut s'avérer magnifique, utilisant son infortune pour rebondir vers de plus accueillantes prairies. Peut être la comparaison les orientant sur du pâturage manque un peu d'élégance, mais faut bien se nourrir, et si le cocu est un peu veggie, c'est un format nouveau, que je nommerai, pour éclairer vos lanternes, le Vebobocu. Et là, tout de suite, c'est la classe !

S'il s'agit d'un cocu démantibulé, il n'y a pas grand chose à faire, à part prendre une pelle et une balayette, rassembler le tout au même endroit, et tenter un recollage de morceaux, en commençant par les cornes ornementales. C'est la partie la plus facile, alors autant commencer par là. Le reste viendra naturellement, c'est une affaire de secondes. Ce Zigoucu (pour le pauvre zigouillé, CQFD) n'aura aucun mal en vérité à trouver nouvelle embrouille, et le jaune lui va si bien.

...
Cette brève démonstration vous prouve qu'il est extrêmement difficile de résister à moquer une personne affublée d'un couvre chef aussi honteux.

Ah j'allais oublié un fait important.
S'il est très simple de tromper, le truc vraiment, mais alors, vraiment balaise, c'est de ne pas le faire.
Ah.
Ou de l'affirmer. Bim.
Je plombe l'ambiance.
Ben ouais, quand même.
Savoir faire le distingo entre l'amour, et le désir, c'est reconnaître en chacun sa nécessité, celle qui fera loi pour les uns et les autres. Il n'y a pas de mauvais ou de bon choix, juste un choix.
Bref.
...
Il apparaît clair comme de l'eau de roche qu'il faut aujourd'hui donner un grand coup de semonce, et faire un pas en avant vers le respect pour l'autre.
Décorner nos cocus, c'est leur rendre leur dignité.
Ces cornes sont la marque de l'opprobre et personne ne mérite d'être mis en avant sur un pilori virtuel.

Entendons nous bien, s'il s'agit de les décorner, la plaisanterie sera moins bonne, ou alors, il faudra trouver des variantes au mistral, genre, Boudiou, il fait un vent à décorner un bœuf...
D'accord, c'est moins drôle.
Ou pas, en fait.



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