Différente

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Il y a toujours, dans un coin de ma tête, l'histoire de quelqu'un, qui me renvoie aux désespérances des uns, aux envolées de autres. Et s'il m'arrive d'apprécier, avec l'enthousiasme un peu délirant qui est le mien, ces essais frisant la dérive, ces tentatives à contre-sens, la jalousie m'est totalement inconnue, assez curieusement.
En réalité, j'aime bien savoir qu'ailleurs, c'est heureux, que ça gazouille à l'unisson, que ça vibre, que ça construit son nid, petits martinets bécoteurs infatigables, au point d'en rougir autour du bec.
Longtemps, j'ai cru qu'il me fallait taire cette vision mignonne du monde, la férocité ambiante, la violence, la haine sont tellement palpables tout autour de moi, il m'arrive de traverser des couloirs si sombres,comme plombés d'une bouillasse immonde, collante, sans inconscience, je pourrai craindre la déroute.
C'est ma naïveté qui m'équilibre, un peu de façon anarchique, je le reconnais.
Je tiens beaucoup à ce sauf-conduit enfantin, qui m'offre à chaque instant une aptitude de surprise instantannée, qui me ravit. Et soudain, tout ce que je peux croiser comme incongruité me soulève dans la grâce inéfable, le truc relou devient amusant, quasi comique, quelquefois tragique, mais les choses ne sont-elles pas un peu toujours comme ça, en oscillation métronomique du bien et du mal ?
J'ai juste envie d'entendre ce nouveau rythme que je pressens, maintenant que je te vois respirer, à bouche entrouverte, il me faudrait me pencher, non pas que je sois sourde, juste un peu plus curieuse que la moyenne, et peut être les doigts plus fouisseurs, ce sont mes petites ailes de papillon, je te promets, elles seront légères, je ne peux me résoudre à faire du mal, tant pis, condamnation à être gentille, y compris avec les qui-ne-méritent pas, c'est mon fardeau à moi, ça fait belle lurette que j'ai capté.
Tu voulais lire une nouvelle, nouvelle.
Admettons.
Je m'y suis astreinte, et Dieu sait que je déteste ça, les obligations. Ca me désespère le cortex, rien que le mot. Obligée de quoi nom de moi, nom d'oiseaux, non merci, non t'es pas belle, t'es mieux que ça, oui, je sais, on me le dit souvent, mais ça fait plaisir quand même, tu peux le dire encore et encore, c'est mille fois meilleur qu'un non, alors oui. Mieux qu'une obligation.
Imaginons que finalement j'avais des révélations à faire, raconter une histoire comme cette petite dame dont je t'ai parlé, ces jours derniers, puisque tout à coup, tu es là, et je suis la première étonnée, je ne sais pas comment c'est arrivé, mais j'aime bien que tu sois là.
Si tu touches avec le revers de ton pouce, ta lèvre inférieure, c'est que j'ai probablement effleuré ton âme. Et faut être honnête, j'aime bien toucher les gens, toi inclus. Enfin, toi je me retiens. Je ne voudrais pas t'effrayer non plus. Il y a des gens qui détestent l'intrusion de l'autre sur leur peau, genre réaction épidermique. Et même s'il me paraît , que cette chair là, serait réceptive, je préfère attendre. Je n'ai pas, encore, reçu d'aval implicite. Tu sais, ce codage sans mots dire,  je vais pas te faire la leçon, je crois que tu sais bien plus de choses que moi sur le sujet. Tu fais semblant, pour me laisser l'impression d'être tellement plus maligne, c'est gentil. Je n'arrive pas à déterminer si tu me sous-estimes ou si je te fous un peu la trouille. C'est bien ça le problème avec moi, la plupart du temps.
Je suis tellement trop tout.
Certains de mon entourage comprennent par coeur, il y a une putain de résonnance chez eux, tu n'imagines pas à quel point nous avons besoin de nous savoir pas si seuls, la différence, c'est le plus beau des cadeaux empoisonnés qu'on puisse recevoir à la naissance.
Atypiques.
Ouais, c'est ça, causez toujours, les tous-pareils.
On possède notre cape d'invisibilité. Et là, ni vu ni connu j't'embrouille...
C'est souvent que j'évoque à quel point il y a une volonté de résilience en chacun de nous, non pas pour l'ivresse, encore moins le déni de n'être que soi, c'est déjà magique d'être, à quoi bon vouloir toujours plus, la barre tout en haut, bien après les nuages, mais pas trop non plus. Savais-tu que les papillons n'y survivraient pas ?
Et je tiens beaucoup à ces légèretés colorées.
Elles me tiennent par le cœur.
C'est bien plus que tu ne peux le croire...
Où peut être le sais-tu déjà ?

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