Tu veux ou tu veux pas ?


...
Et l'autre, qui se pointe, sans avis, ni recommandation, juste sur sa bonne figure. Certes, la faciès, ça compte, et du coup, ça roule, on lui donne un droit d'investigation. Non mais sérieusement ? 
Alors il suffit d'écrire à la va-vite, sur une feuille A4 pliée en deux, trois phrases d'écolier pour emballer les belettes, à ce qu'il paraît. Même pas tu t'annonces, parce que, le mystère.
Ah la fameuse affaire que voilà.
L'homme aime être dans le flou.
Il ne veut surtout rien savoir de ce qu'il cherche à choper, du moment que sa mire reste appétissante, que sa flèche pointe vers le ciel sans faille, le reste, il s'en fout.
Un petit prénom, des fois que.
Non merci.
Faut rester anonyme.
C'est mieux.
Tiens, si tu veux absolument, t'as qu'à choisir un pseudonyme, ça c'est bien. On joue aux faux-semblants, tu vas voir, c'est tellement rigolo de se taper un inconnu. T'auras pas du tout l'impression d'un viol. Ben non, puisque t'as mon numéro de téléphone, couillonne.  Ah ça, les belettes, faut tout leur expliquer. Les nouveaux codes, les règles et surtout, ce qu'il ne faut franchir sous aucun prétexte.
Tu fais quoi dans la vie ? Oh, ça va pas la tête ? Tu es dans mon intimité secrète là, tu peux pas. Par contre, dans ton cul, pas de problème, ça le fait, c'est pas pareil. Non j'suis pas gay, pourquoi tu dis ça ? Ah ! Pour le cul ? Mais non, c'est normal, tout le monde le fait. Ah si tout le monde se jette dans l'Huveaune ? C'est quoi l'Huveaune. 
Y'a du niveau ou bien ?

Petit exemple de pauvre mec inscrit sur à peu près tout ce qui existe sur le net et s'il le pouvait, son 06 dans tous les chiottes d'after de la ville, c'est qu'il faut ratisser large pour pécho, de nos jours.

Je vais passer pour la daronne qui est en voie de fossilisation mais...
mon fils, si un jour prochain, comme je te le souhaite, tu pars en chasse comme tous les hommes, voici mes consignes :
1- les filles ont TOUTES un prénom, et, curieusement, elles y tiennent autant que toi au tien.
2 - si tu préfères les culs, il se peut que tu sois réellement en chemin de traverse, et je n'ai aucun problème avec un possible beau-fils, mais par pitié, ne cherche pas à transformer une fille en partenaire inadéquat, fonctionnellement parlant.
3 - l'amour ne te tombe pas dessus, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Et s'il ça fait mal, c'est qu'il y a erreur sur la personne. 
3 bis - l'amour coule de source, avec la rareté d'un arc-en-ciel, mais c'est justement pour ça qu'on sait qu'il s'agit d'amour. 
3 ter - on ne peut pas aimer tout le monde, sauf drogue (!), et là, on aborde un autre sujet dont nous parlerons prochainement, sois en certain.
4 - lorsqu'on aime, on fait pas le difficile. On donne tout. On attend rien en retour. Et on savoure ce qui est, sur l'instant.
5 - pour vivre heureux, vivons caché. Je pense que ce dicton a du sens, en amour. Inutile d'afficher la personne que tu aimes, ce n'est pas un trophée.
6 - rien ne remplace un vis-à-vis, lorsqu'il s'agit d'amour. Que ce soit pour un soir, pour toujours. On ne peut pas savoir à l'avance, et ça, c'est bien.
7 - la fascination n'est pas de l'amour. C'est d'avantage de l'ordre du fétichisme, un peu comme moi avec les fringues, tu vois.
8 - ce qui est consommable peut aussi être toxique. A méditer.

Mais revenons à l'homme qui croit qu'il est le roi du pétrole.
Alors lui, il a toutes les cartes en main et ça, c'est super chouette, il est trop content. Beaucoup con aussi du coup. Tu m'expliques comme tu peux jouer à la Belette si elle n'a aucune carte, hein ? Ben ouais, il comprend vite, mais faut le débrieffer longtemps, l'homme. 
Le voilà qui se pointe, fier comme un bar tabac tout neuf, nouvelle enseigne qui clignote la nuit, tu sais, comme les poissons qui vivent dans les Abysses, avec un leurre au bout du truc, un son et lumière dis-donc, sans les mecs d'EDF, tu vois, les hommes qui relient les hommes. D'ailleurs, cette affaire-là non plus est quelque peu obscure, non ? Mais non, c'est pas de la mauvaise foi mal placée… D'accord, un peu, à peine.

L'autre trop content affiche un sourire ultra bright, la fossette au menton, alors hum, oui, il est vraiment craquant, faut reconnaître. Toi, pauvre belette, t'es à trois minutes de prendre le pack, bières incluses, et ça, tu captes que tu fonces dans la connerie du mois. Vois le bon côté des choses, amie fille.
L'année comporte douze longs mois, dont au moins trois d'hiver qui nécessitent un réchauffement impérieux. C'est un truc de saison qu'on ne comprend pas toujours, mais prend acte de la nature, bordel !
Après, qu'on ne demande pas d'expliquer cette sale manie qu'ont les hommes de vouloir, coûte que coûte, fourrer de force un tuyau d'arrosage dans un vide ordures. Faut pas qu'ils s'étonnent qu'on leur demande constamment de sortir les poubelles, du coup. C'est le prix à payer pour le chemin de traverse, il paraît.

Puis soudain, l'homme connaît le remord.
Tu sais, c'est lorsqu'on fait un truc pas hyper réglo, genre un coup de canif dans ton contrat de mariage, au hasard, n'est-ce-pas. En réalité, Y'a plus qu'à prier pour que l'opinel porte un bonnet étanche, qu'il résiste à une invasion de morpions ultra vénères de quitter un habitat régulier, que la bombe atomique dans sa gueule ne justifiera sans doute pas la bombe anatomique qu'il projette de se taper, et pas seulement à grand renfort de figatelli, si tu veux mon avis… Mais avant de sauter (!) le pas, il hésite, l'homme. 
C'est quoi ce bordel, mec ?!
T'es une fiotte ou quoi ? Parce que les copains, eux, ce sont les premiers à le pousser au vice, tu penses bien. Sur dix, y'en aura seulement un qui risque de lui rappeler qu'il joue vingt cinq ans de vie commune sur un lancé de dés double six, certes, mais un seul lancé, pas cinquante. Y'a pas grand chose à rajouter à ce calcul élémentaire, parce que la nouveauté, le mystère (et oui, encore lui), la chasse (ah ça, on ne le dira jamais assez, ça lui plaît, à l'homme, la chasse), l'excitation de peut être choper, mais peut être pas. Le suspense quoi. Alors l'homme fait un truc totalement inattendu. Il informe. Genre campagne préventive, si tu saisis mon propos. Il prévient son plan B (la proie, donc) qu'il est déjà maqué, et pas qu'un peu, qu'elle est trop bien pour lui (bravo, bien vu, le compliment, c'est un truc qui fonctionne, même par temps de crise), qu'elle ne mérite pas un vieux pervers comme lui (ah ça, c'est super méga malin, parce que la perversion, ça peut plaire aux belettes), et surtout, il finalise, l'homme. Quelle que soit sa décision, il comprendra. Trop trop fort !
C'est ce que les filles appellent de la manipulation primaire.
Mais.

Ben oui, Y'a un mais.
Les filles ne sont pas nées de la dernière rosée scintillante du popotin de la licorne du coin. Elles connaissent ce genre de monologue parc cœur, depuis la maternelle, ce qui donne à peu près ceci.
Le gamin qui lui planque dans son goûter un dessin en forme de cœur sacrifié, c'est le même de sa copine Lulu, son ptit pote Alfred, et la maîtresse, Mlle Bertille. Lorsqu'elle va tenter de lui faire avaler, avec son quatre heures, il va chouiner qu'il n'aime qu'elle, surtout parce qu'elle est bien plus grande que lui (les filles, ça poussent plus vite), plus méchante (ah ça, oui), plus jalouse qu'un bébé tigre, et quand elle est en colère, Y'a ses petits yeux de chat qui lance des éclairs dorés. Alors que Lulu...
Bref, la cour de récré a mis au parfum tout ce petit monde pour la suite, et ça loupe pas.

Ce qui va suivre ne va choquer personne.
Nous sommes des adultes, et ça nous aide pas des masses, mais on fait avec, le compte à rebours affiche le début de la fin des séances funky hebdomadaires. Faut vivre avec son temps. Surtout s'il nous est compté, le salaud.
La belette a deux options. Soit elle le vire de son répertoire, et c'est réglé fissa. Next. Soit elle est joueuse. Elle va amorcer une possibilité envisagée. L'homme, il est sur son nuage. Il y croit. Libéré. Tiens, ça nous rappelle bien un truc, ça non ? L'innocent aux mains pleines. Tu veux ou tu veux pas. Si tu veux pas, tant pis, j'en ferai pas une maladie, mais… tu veux ou tu veux pas ? Sourire. Sourire.

La partie peut commencer.

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