Et tu me fais tourner la tête..


...
C'est pas une raison pour écrire un truc, tu me diras sans doute. Mais je ne fais que ce que je veux, tu commences à saisir, on dirait. Rien ne sert de me sermonner ou m'expliquer que ceci ou cela ne se fait pas, plus, pourquoi non , pourquoi donc, si je dis oui, c'est que tout est possible, alors n'essaie même pas, tu veux.
 Je ne rêve plus de rien, mise à part de tes mains, va savoir pourquoi, elles sont immenses, avec de larges paumes un peu rêches, parce que tu les utilises tout le temps, qu'elles sont un peu ce que tu es, grand, un peu rugueux, un peu usé. Mais elles savent se faire tendres, caressantes, pressantes aussi. Et c'est également un peu ce que tu es. 
Souvent on parle des miroirs de l'âme, les yeux, le portail entre le cœur et l'esprit.
Alors du coup, j'ai sondé, avec mon air de ne pas y toucher, sauf que oui, bien sur que oui, j'ai plongé discretos, direction les cachettes, les secrets, les désirs, avoués, ah ça, tu avoues tout du moment que ça t'ouvre de nouvelles promesses, que je tiendrai peut être, ou peut être pas, selon mon envie, mon propre désir, celui qui te tire vers les hauteurs, tu sais, celles auxquelles tu n'as jamais pensé, peut être. Toi, tu es de la terre, de la mer, des forêts, des vallons, des montagnes à gravir, du sable qui glisse entre tes doigts, l'eau qui te change en homme poisson, l'humus qui s'insinue dans tes narines d'homme loup, mais les airs, je ne crois pas que tu y aies songé une seule fois.
Je le sais à cette façon que tu as de t'ancrer dans le sol. 
Dans ta façon de marcher, de te mouvoir, on sent le lien fort qu'il ya entre toi et les éléments que tu maîtrises, ceux dans lesquels tu évolues, tu roules, tu jongles, tu vrilles contre les arbres, les feuilles qui jonchent les sols humides, tu t'immerge pour rire, et l'eau recouvre des yeux, ton front, tu ruisselles, et c'est la vie que tu éclabousses avec ton rire d'enfant.
Moi, ce sont les airs qui m'aspirent. 
Toujours, je sens mes ailes qui poussent, me poussent, me donnent la liberté des êtres sans entraves, au gré du vent, au gré de moi, malgré ceux d'en bas, je plane sous les étoiles. A part te frôler un court instant, la réalité tente de m'arracher des plumes, mais je ne suis pas née de la dernière pluie moi. J'ai appris à m'échapper, à la vitesse d'une chimère portée par ses vœux exaucés. 
Dessine moi un mouton ?
Non.
Je ne veux pas dessiner. Je veux juste le voir de tout en haut, ton mouton décrépi, tout miteux avec sa laine d'étoupe, ses petits cornes de bélier rabougries, et son bêlement un peu ridicule.
Non, tiens, si tu veux je te dessine un nuage. Tu veux un nuage ?
Toute façon, c'est une offre de gascon.
Je ne le dessinerai pas. Je l'attraperai avec mon lasso, figures toi ! Ouais mon gars !
J'ai un lasso pour choper les nuages, les petits, faut pas exagérer, tu pourrais croire que je me la pète, et c'est carrément pas mon genre, tu me connais… Bon d'accord, des fois oui, mais là, sérieux, je sais que je peux le faire, c'est presque du tout cuit.
Pour attraper un nuage, il faut un bonne corde magique tressé en cheveux d'ange blond (j'ai), des ailes (j'ai), de l'imagination (j'ai), de l'humour (j'ai). Le dernier point est essentiel. Les nuages sont hyper sensibles aux bons mots, ce sont de sacrés farceurs faut pas croire. Tu balances tout ce que t'as, et c'est réglé. Le nuage te saute au cou. T'as plus qu'à le ramener tout contre toi, alors tu seras un peu mouillé, mais pas trop, c'est juste un peu d'eau, de l'eau de pluie, de l'eau d'en haut.
Tu me demandes ce que tu en feras, de mon nuage ?
Tu t'allongeras sur sa nature moelleuse, si confortable, si incroyablement fraîche, comme la rosée du matin, celle qui s'évapore aux premiers rayons du soleil, tu sais. Et je te raconterai tout ce que je vois, lorsque je suis là haut, perchée, accrochée à mes étoiles d'argent. Peut être que tu t'endormiras, bercé des voix célestes, peut être que nous éclaterons de rire, trempés jusqu'aux os, baignant d'une nimbe rose, qui sait, nous traverserons peut être le 7ème ciel, histoire de vérifier cette affaire de graine qui pousse plus vite sous le souffle chaud de l'amour, va savoir.
Est ce de ma faute, si tu me fais tourner la tête ?




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