Et le romantisme, bordel ?


...
Plus personne n'y croit. Lorsqu'on ouvre un peu les yeux, pas trop, sinon, ça fait vraiment mal, toute cette cruauté ambiante, on s'aperçoit vite que la tendance est d'avantage au sado-masochisme, la faute à cinquante tentatives de je t'aime, moi non plus, et c'est carrément pas la joie.
Tout le monde veut attacher tout le monde, ce qui, lorsqu'on y réfléchit trois secondes, est tout de même un putain de symptôme d'enfant abandonné qui veut à n'importe quel prix garder à vue l'objet de son désir, sous clé, ou du coup, menotté, ligoté ou tout du moins, sous contention. Et ça, c'est pas un signe extérieur de bienveillance, excusez-moi du peu, braves gens.
Depuis quand on affiche cette nouvelle lubie de prendre le contrôle sur quelqu'un, sous le fallacieux prétexte que c'est l'amour, mais nom d'un petit bonhomme, on aime comment aujourd'hui, ma parole ? Au lance roquettes ? A la dynamite ?
On s'étonne plus qu'il n'y a à aucun moment le monde en paix, alors qu'une sacrée bonne partie de la population ne pense qu'à encorder son prochain, pour le tenir à l'œil...
Ah la fameuse idée que cette histoire de contrôle.
Qui n'a jamais été confronté à ce genre de demande rigolote, à la base, une espèce de tentative maladroite de jouer au père Fouettard avec la fille du Père Noel ?Combien d'entre nous n'a pas été sollicité pour une petite fessée en prémices d'autres délices ? Alors finalement, un ruban aux poignets, ça ne paraît pas si méchant après tout.
Et si l'on considère que ce petit pas vers une forme d'acceptation d'être " sous contrôle ", donc, " en soumission ", même momentanée, n'est qu'une façon détournée d'être passible d'une restriction de ses propres choix, parce que mine de rien, c'est une sorte d'incarcération théorique, comme si vous étiez reconnu coupable de, ben de rien en fait, alors du coup, soudain, parce que c'est la mode, on enferme à tour de bras, on tape pour déconner, et ça, franchement, j'aimerai éviter de parler à toute personne que ça fasse marrer, de bastonner les autres pour le fun, super, c'est trop bien, ce soir, je me tape une gonzesse, au sens propre, au sens figuré, dans tous les sens quoi. Ben tiens, mon gars, et si tu t'offrais plutôt un sac de sable, genre comme on trouve au club de kick boxing, tu vois ? Comment ça non ? Ah… Tu peux pas le baiser, à la fin ? Oh ben, en étant aussi minable, je ne crois pas que ta petite bite de sale con pervers ait besoin d'une femme, même tabassée à la va-vite, juste pour rire, n'est ce pas ? Ben sinon tu peux toujours de démerder, toi, ton plan foireux et ton gant de toilette. C'est bien plus juste avec l'humanité, que tu n'essaies même pas de procréer une fois, en fait. Et si en plus on pouvait t'effacer, avec une petite gomme bien propre, ben ce serait une chouette idée.
On le voit immédiatement, la théorie, c'est trop bien.
Mais, ça a des limites.
Déjà, avec la réalité.
Donc, on va dire que les tendances, y compris celles qui font passer l'amour pour une vraie saloperie, ben faut apprendre à vivre avec.
Alors je me suis dit, tiens, et si au lieu de préconiser à tout ce petit monde complètement à côté de plaque, paumé mille fois plus que le petit poucet dans sa forêt sans miettes de pain, on réinventait quelque chose de plus sympa, genre, le romantique, tu vois.
Imagine un peu le truc.
Il y aurait ceux qui espèrent de la douceur, de la tendresse, des câlins comme des chamallow, des fleurs posées sur les pas de porte, des sourires heureux, des regards flous comme lorsque l'obscurité pose sa première touche, en contre jour, qu'on se dit avec une certaine satisfaction, qu'enfin il sera temps de rentrer, que la maison, on y est bien, avec les siens, avec son chat, ses plantes, on s'en fout, du moment qu'on se sent en accord avec ce qui nous entoure. Bien sur, il y aurait aussi ceux qui aiment donner, à l'infini, sans jamais rien attendre, juste le plaisir de faire plaisir, et ce serait les moitiés d'orange, celles sans acidité, parfait équilibre pour que chacun soit bien. Juste bien.
Expire, puis inspire lentement.
Tu sens comme c'est délicieux, là ?

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