Ces petites trahisons de derrière les fagots

 


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Ce sont, sans aucun doute, les plus truculentes. Rétrospectivement.

Sur le moment, on a juste envie de répandre la justice, avec le droit divin, la sanction moyenâgeuse bien dégueulasse, du genre, langue coupée, plus de propos frelaté. 

Il existe mille façons de trahir. Et tout bien réfléchi, il y a sans doute autant de façons que de personnes sur cette terre. Et ça, ça donne matière à réflexion. Je ne peux décemment pas faire un laïus vipérin générique qui ne correspondrait pas à mon propos. Ce que je note, avec le recul, c'est qu'il semble y avoir des caractéristiques communes chez les traîtres.

Triple glop.

Ce mot dégage comme une odeur nauséabonde, un pot pourri d'oeuf, un quart de pomme blète, un vieux crouton de fromage racorni, trois lardons rances, et une crotte de chien. Cette liste est variable. Donc.

Je vais employer sciemment le masculin du mot. Pour une raison obscure, le féminin me paraît moins grave, moins odieux. La faute aux doubles S, sans doute.

Le traître.

Comme souvent, je jette un oeil intrigué sur le dictionnaire, non pas que je ne sache ce que soit un traître, mais plutôt pour étayer un peu ma contrariété.

Signification une, la classique, le traître trahit (cqfd). Trompeur, déloyal, fourbe. 

Cette définition me paraît absolument parfaite en la circonstance. La déloyauté me séduit tout particulièrement. Le mot est certes moins fort,  mais sa profondeur est sans égal. La fourberie est trop scapinesque pour moi, c'en est risible et ne sied pas à ma vision du moment.

Mais surprise, la seconde définition, à laquelle je n'avais pas pensé, est en équation idéale avec la première.

Signification deux, la figurée. serait " plus dangereux qu'il ne le paraît ". Et c'est cette surprise malheureuse que nous recevons en plein coeur, lorsque nous sommes victimes de félonie.

Les synonymes me remplissent d'aise, et la sournoiserie associée à la perfidie me paraissent un sacré combo de trahison.

Tout ceci m'a plongée dans des gouffres de suspicion et si je ne me savais pas déjà un peu paranoïaque sur les bords, j'en viendrai à soupçonner (presque) la terre entière. Bref.

Mes proches sont si peu nombreux qu'ils sont aisément mis hors de cause, déjà, parce qu'il faut avoir une belle dose d'abnégation pour être inclus dans mon périmètre direct.

Le milieu professionnel, c'est une autre coursive. Nous sommes amenés à fonctionner avec des personnes que nous n'avons pas choisi, et si en effet, il y a de belles rencontres, la plupart du temps, nous jonglons tous un peu avec diplomatie. D'aucun appelle cela de la forfaiture ; c'est assez vrai. La différence reste l'angle de vue. Dans cette réplique sociétale microscopique, les traîtres ne sont pas difficiles à débusquer. Bien plus que les personnes ressources, qui n'affichent pas leur condition, préférant souvent l'anonymat pour prodiguer leur générosité.

Globalement, les sourires de façade constants sont à garder à l'oeil. Personne n'est funky non stop, ça n'existe pas.

Les chuchoteurs n'ont probablement pas de bonnes ondes à communiquer. Pour cela, on utilise une haute et intelligible voix.

Les " radios commérages " sont à utiliser avec parcimonie, ils sont redoutables dans l'inaction. Ce sont ce que l'on nomme les "usurpateurs ". Souvent arrivés un peu par hasard, ils se cramponnent définitivement aux méandres administratifs, comme une arapède à son rocher. 

Et parfois, les traîtres se liguent. C'est un peu cauchemardesque, la bande de félons. C'est l'invasion des Serpentars, quoi. On se demande même s'ils ne se reproduisent pas entre eux, les petits scélérats...

Point de siège éjectable, ni de système anti poison, rien n'y fera, ce sont des nuisibles indétrônables, les mêmes que les langues de péripatétipute de quartier, nous les connaissons, nous les supportons, voire, subissons, mais pire que tout, ces énergumènes, souvent, nous font rire ! Parce que, oui, plus c'est alambiqué, mesquin, plus c'est drôle...

Alors que faire ?

Rien.

Absolument rien.

Enfin, pas tout à fait. L'arme absolue reste le silence. Le vrai. Le pur. Le silence méprisant. Celui qui cloue sur place. Un regard assorti peut en dégommer quelques uns, pour une fraction de seconde délicieusement revancharde.


Commentaires

  1. Tu penses que Pilâte a agit ainsi avec Jésus ? 🤔😇
    Et le consanguins serpentars ont le sang froid ? Étonnant !! 😉
    Quant au Chuchoteur il reste un de mes polars préférés... merci mr Carrisi...
    Ton inconnu de la 1ere heure

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    1. Tes références te trahissent (mouhahaha) ...

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