Mes théories farfelues & complotistes : une petite crotte sous les dunes

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Il y a tant de choses que l'on aimerait dire, et qui restent enfouies, au nom de la convenance, la bienséance et autre fatras hypocrite. Il y a ces broutilles enfantines que nous portons, bien malgré nous, en travers de nos épaules, de celles qui se laissent glisser jusqu'à nous entraver les pas, les engonçant presque dans la terre meuble. Ce ne sont pas des secrets, ni de Polichinelle, ni rien de transcendant, et pourtant, nous gardons sous nos paupières baissées, la honte un peu qui nous titille, de n'être découvert. Et jugé.

Souvent, nous laissons derrière nous tous ces petits tumultes de l'apprentissage vers le monde des adultes, sans vraiment y penser d'ailleurs. Et en effet, nous n'y pensons pas. Ou peu.

Puis, on se réveille, quelques dizaines d'années plus loin, avec un poids terrible sur la poitrine, la gorge serrée comme dans un étau de métal, la sensation que l'air est obstrué à mi chemin entre nos lèvres asséchées et nos poumons avides. On consulte, vite. On nous assène d'un grand coup de semonce, le forfait le plus plausible, la vieillure. Et nous acquiesçons, un peu contrit de n'avoir pas anticipé la chose, comme si nos vies étaient en sursis. On est satisfait, on est soudain suivi par un " ologue ", vous savez, tous ces médecins spécialisés en vintagerie, cardiologue, oncologue, dermatologue, phlébologue et tous leurs homologues. On est suivi pour la survie, vous dis-je !

Tout va tellement mieux, maintenant qu'on est suivi.

Jusqu'au jour où crac, ça recommence. On se sent mal. Pas vraiment malade, encore que. Plutôt mal à l'aise. On s'insurge. Comment ça se fait ? On est suivi !!

Puis y'a un truc qui nous revient un peu à l'esprit. On ne sait plus trop quand, mais y'a si longtemps, vraiment des lustres, on avait eu ce sentiment là, tellement similaire, mais nous étions si jeunes, alors. 

On cherche à comprendre. Il y a tes potes qui te disent que tout ça, c'est psychosomatique. Une nouvelle piste ? Et que ça met en pause la course contre la décrépitude ? Tant pis, on fera avec, notre esprit de compétition est à la baisse de toute façon, autant faire la route piano, piano. Quand même, on barjote un peu sur la somatisation des choses, c'est que c'est parlant l'affaire. Plein le dos, on a mal au dos. On est en prise de tête, crac, migraine. On nous casse les pieds, bim, entorse. C'est un peu confondant, faut reconnaître...

Nous croyons alors être affranchis, alors, en plus d'être suivis, et nous qui pensions être seuls, nous voici accompagnés d'une nouvelle armada pour bien vivre nos prochaines années à venir, celles du début de la fin, ce qui n'est pas de bonne augure, certes, mais soyons réalistes, au bout du compte, nos bilans de santé n'ont jamais été aussi parfaits, ce qui revient à dire que parmi ce tas de spécialistes, il y a un début de réponse.

Que non.

Ce pourrait-il que le fait même de se sentir moins fringuant, les articulations un peu raides, la peau plus fragile, peut être, ces petites éraflures du temps, n'auraient elles aucune coïncidence avec ces soudaines faiblesses ? En un mot comme en cent, puisque tous les indicateurs semblent être bons, mais qu'il y a bien quelque chose qui cloche, à force de creuser, que pourrions nous trouver sous cette envahissante colline de sables ? Certes pas un squelette de dinosaure, encore que parfois, on aurait l'impression amusée d'en être une infime extension, par défaut. Toujours pas de secret inavouable. Tout ceci est fort déceptif. On peut toujours planter la pelle de l'investigation, elle ne fait que déplacer le sable qui crisse et glisse, s'affalant tout autour pour ne jamais rester en château de bord de mer, de ceux dont on avait jadis un seau crénelé. On peut oui.

Pour trouver quoi, au final, qui sait, une minuscule crotte de bique fossilisée. Belle découverte, que ces élans de notre enfance, que nous avions si bien enfoui, juste pour grandir, parce qu'il le faut bien.

Il se pourrait aussi, et je vous le souhaite, que vous retrouviez ces émerveillements, ces curiosités que vous aviez, avant de ne croire que la loi des plus grands. Et ces dunes seraient votre bastion merveilleux, dont la mer ne ferait que lécher les murailles, sans jamais les détruire. Les éléments avec vous. Comme une connivence.

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